dimanche 30 août 2015

Le Transhumanisme c’est quoi ?

En toute chose il faut revenir à l’origine des concepts pour pouvoir les comprendre de manière adéquate. Mais plutôt que de partir du terme « transhumanisme » ou de celui utilisé juste avant lui « eugénisme » il semble plus efficace de rechercher la trace historique des pratiques recommandées par ces écoles de pensée.

Le transhumanisme propose une fusion entre l’homme et la machine en vue libérer celui-ci des faiblesses et des limites de son corps faillible au point d’être mortel après une vie de maladie et de dégénérescence. Cette recherche de l’affranchissement des limites du corps malade est une constante, aussi bien des sociétés dites « primitives » comme les indiens d’Amazonie qui tuent ou abandonnent les enfants malformés et les vieux qui ne peuvent plus marcher[1] que de l’antiquité grecque[2] et romaine[3] qui connaît elle aussi l’exposition des enfants mal-formés, l’avortement et la sélection des couples autorisés à procréer. Ces pratiques ne sont en rien "barbare" au sens péjoratif d'irrationnel, bien au contraire. C'est pourquoi, comme pour le transhumanisme qui les réactualisent, il faut en comprendre la logique pour pouvoir en dépasser les conséquences néfastes.

Ainsi donc, avortement, élimination des infirmes et autre "Gnadentod[4]" s’inscrivent dans une vision cohérente du monde où les hommes non seulement se sont appropriés la sagesse des dieux[5] mais se montrent de surcroît toujours plus désobéissants[6] et impies avec eux[7]. Il y a donc chez l’homme au départ une aspiration et une capacité originelle à vivre en compagnie des dieux, mais qu’il a perdu du fait de sa corruption chaque fois plus grande[8]. La cause de cette corruption de l’homme n’est pas claire et le rôle particulier qu’y joue la technique reste ambivalent. D’un côté, la maîtrise technique est source d’hubris de la part des hommes, mais d’autre part, ayant été privés par la négligence d’Epiméthée des défenses naturelles nécessaires à leur vie, la technique et la civilisation leur sont à bon droit dues, à titre de secours à leur faiblesse. Ce qui est par contre certain c’est la tendance récurrente de l’homme de l’âge de fer – notre âge – à faire preuve d’orgueil, de violence, d’avarice et tous les autres vices qui le rendent digne de châtiment de la part des dieux. Ces tendances ne sont pas invincibles et une vie vertueuse est possible, avec la technique comme auxiliaire, tel est du moins l’espoir que les philosophes proposent, comme alternative au pessimisme radical des mythes fondateurs gréco-romains[9].

Dans la Bible nous trouvons au contraire une critique virulente des prétentions humaines à contrôler entièrement la vie dans ses différents aspects. Cette dénonciation c’est en premier lieu celle du récit de la chute[10], que nous appelons « péché originel[11] ». Nous connaissons tous ce récit et le mensonge qu’il dénonce, la fausse promesse d’être « comme des dieux[12] ». D’abord ils étaient déjà « comme Dieu » puisqu’ils vivaient en sa compagnie[13]. Ensuite il y a la promesse d’accéder à une sagesse supérieure, qui leur serait caché par malveillance, laquelle exigerait donc un rétablissement de la justice par une rébellion contre le tyran[14]. On retrouve donc les thèmes prométhéens, mais avec une clarté et une précision bien plus grande. Il y a, au départ de la rébellion humaine, une tromperie dans laquelle l’homme a accepté de se laisser entraîner[15] et dont il doit dès lors assumer les conséquences[16] qui sont à la fois physiques (faiblesse qui va jusqu’à provoquer la mort) et morales (tendance au mal du fait d’une volonté blessée).

C’est sur cette base d’une nature déchue que la Bible fait ensuite une critique sévère de la volonté de contrôler la fécondité, et d’abord l’attitude prépotente d’Eve qui a « acquis » un homme d’auprès de Dieu[17], lequel deviendra meurtrier de son frère[18]. Cette violence symbolique qu’est cet « acquis de » n’est pas pour rien dans la jalousie de Caïn pour son puîné Abel. Elle est la violence même du « droit à l’enfant » de l’enfant désiré, presque voulu de force par ses parents, le contraire de l’enfant reçu comme un don. Eve a bien compris cela puisque c’est comme un don qu’elle recevra son fils suivant, Seth[19]. C’est aussi la raison de la critique d’Onan qui en séparant sexualité et procréation[20] détruit la dimension du don dans le mariage, le privant ainsi de son sens. Et c’est pour défendre le don de la vie que le texte prend les puritains à contre-pied, en prenant acte des origines incestueuses des enfants des filles de Lot[21], montrant ainsi le don que sont toujours les enfants, qui par ailleurs n’ont pas à payer pour les crimes de leurs parents. Toutefois, bien qu’innocents, les enfants subissent tout de même inévitablement une influence négative du péché de leurs parents « jusqu’à la troisième et quatrième génération » d’après la Bible et dont il leur appartient de s’affranchir avec l’aide de Dieu[22].

Mais la Bible critique également vertement le technicisme prométhéen de la tour de Babel, une construction édifiée pour concurrencer Dieu et auto-diviniser l’humanité au lieu de l’aider à mieux le servir et l’aimer[23], reniant ainsi l’utilité de tout recevoir comme un don de Dieu. Ce n’est pas la technique qui est mauvaise, comme le prouve de manière tout à fait contraire l’exploit technique[24] que constitue l’arche de Noé[25]. Il est à cet égard intéressant de noter que l’épisode de la tour de Babel intervient juste après la sortie de l’arche, comme si c’est l’exploit qu’elle constituait qui donnait des idées aux hommes[26]. Dans un genre un peu différent on a l‘épisode de la peste envoyée sur Israël pour punir le recensement du peuple ordonné par David[27]. Deux choses nous intéressent dans ce dernier récit ; d’abord la conscience qu’ont les serviteurs du roi de faire acte d’un orgueil démesuré en voulant compter le peuple, c’est-à-dire le contrôler, comme le ferait un berger, alors que le seul vrai berger d’Israël c’est Dieu[28]. Ce sont ensuite les pénitences proposées à David, puisque l’une d’entre elle fait retomber le poids de la faute sur le seul roi – et avec justice, puisqu’il est le seul responsable du péché, ce dont il est conscient – alors que les deux autres font retomber la faute sur le peuple – lequel, même s’il est à l’origine de la colère de Dieu, n’est en rien coupable du péché de David. On peut noter à cette occasion que David manque ici de confiance en Dieu, puisqu’il ne semble ne pas croire à la proposition d’avoir à fuir trois mois devant son ennemi, pas de tomber entre ses mains. Il choisit donc, par peur des hommes, de faire retomber le poids de sa faute sur ses subordonnés, se révélant en cela un parfait précurseur d’innombrables princes après lui[29].

Ces deux visions vont être synthétisées par le christianisme qui n’est pas simplement une amélioration de l’Ancien Testament, mais son accomplissement[30], ceci notamment en proposant une vision renouvelée des époques de l’histoire qui intègre à la fois la vision cyclique de l’histoire des anciens et la vision linéaire de la Bible[31]. En effet, même si les grecs et les romains connaissent la chronologie, l’histoire est le fruit du Fatum, de cycles historiques qui échappent aux hommes et auxquels ils doivent se soumettre de gré ou de force. La seule chose qu’ils puissent faire est de chercher à maintenir la fidélité aux vertus des ancêtres, seule manière de perdurer en conservant la force originelle qui a fait leurs premiers succès[32]. L’auteur déterminant de cette synthèse est Saint Augustin[33] qui est le premier à proposer une lecture analogique du verset « aux yeux du Seigneur, un jour est comme mille ans[34] » et dans laquelle les hommes sont entrés dans le sixième âge du monde avec la naissance du Christ[35]. Bien évidement ce qu’Augustin ne savait pas c’est qu’en l’an Mil[36] le sabbat éternel espéré par lui n’aurait pas lieu. Du coup la Chrétienté a dû complètement repenser son eschatologie[37], puisque les faits montraient que sa lecture des textes ne correspondait à rien de ce qui était écrit dans la Bible. C’est la raison pour laquelle les groupes millénaristes[38] ont une telle audience du X° au XVI° siècle, grosso modo jusqu’à ce que l’irruption du protestantisme renvoie la question au rayon des théories moins urgentes.

Cette question n’a toutefois rien de secondaire, car exactement au moment où l’Eglise détruit les tendances millénaristes en son sein – ce que l’on peut estimer réalisé avec la condamnation de Savonarole[39] – le millénarisme prend une tournure politique et laïque, avec les premières Utopies[40]. Depuis cette date la lecture eschatologique ultra-dominante est celle de l’anti-millénarisme[41] qui continue la lecture augustinienne, en lui enlevant toute perspective de fin. De ce fait, depuis 500 ans l’Eglise vit dans une sorte d’éternel présent de la deuxième venue du Seigneur[42], dans l’attente d’une lointaine troisième venue[43], ce qui a conduit concrètement à une perte de l’eschatologie, de la conscience vive que ce monde est provisoire et que l’on n’a pas vocation à y faire son ciel[44]. Paradoxalement c’est la crainte des exactions très réelles des millénarismes politiques[45] qui pousse l’Eglise à se retirer de ce qui est pourtant le cœur de son message : l’avènement du Royaume de Dieu qui à la fois n’est pas du monde, mais est bien dans ce monde, avec la mission de le changer, en changeant le cœur de chaque homme.

C’est sur ce retrait de l’Eglise du discours eschatologique – alors même que son enseignement et ces rites nourrissent une espérance messianique – que vont prospérer les eschatologies et les messianismes mondains. D’Utopia au Meilleur des mondes on en compte des centaines d’utopies[46], sous forme de romans[47], de fondations politiques[48], d’essais philosophiques[49], de tentatives de communautés utopiques réalisées[50] ou à venir[51].

Ces utopies ou leurs jumeaux mimétiques, les dystopies, sont en fait les œuvres théologiques de la religion de la modernité, le progrès. Celui-ci consiste en une complexification du monde selon une croissance infinie, obtenue par la biologie et par la technique, depuis un point de départ chaotique, le big-bang. Cette religion repose sur trois postulats majeurs, issus du christianisme ; l’infinité du monde[52], l’orientation positive de l’histoire[53] et la mathématisation du réel[54].  C’est donc la troisième vision globale l’histoire, après celle de l’Antiquité, reposant sur la dégradation successive des âges d’or, d’argent, de bronze et de fer et du Christianisme avec son exitus-reditus[55], création, chute, rédemption et salut.

Ce qui a mon avis donne naissance au « transhumanisme » contemporain, plus que des idées chrétiennes devenues folles, c’est la disparition d’un discours chrétien intégral ou crédible, en particulier sur le péché originel et la rédemption, bref la perte d’une dimension eschatologique actuelle, capable de remplir les aspirations de libération et de plénitude d’aujourd’hui.

Le transhumanisme souligne avec raison la misère actuelle de la condition humaine, qui est objectivement inférieure, voire contraire au projet initial de Dieu sur l’humanité. Nous sommes dans un monde déchu dans lequel corps, âme, cœur et esprit sont désunis, désunion dont la mort est la sanction inévitable.

En ce sens Jean Vioulac[56] en proposant une lecture philosophique du concept d’apocalypse, offre à mon sens une critique sérieuse de la prétention de la technique moderne à émanciper l’homme des limites propres à son corps et donc à nier la validité et même la légitimité de se soumettre à une nature corpo-intellectuelle qui lui soit donnée comme cadre d’épanouissement authentique.

Il me semble donc que ce qui manque au Transhumanisme – et ce en quoi il est typiquement moderne – c’est l’aspiration à une rédemption ou une plénification du corps humain, ce qui fait précisément l’originalité de l’apocalypse chrétienne : la promesse d’un corps glorieux où esprit et chair soient tellement en harmonie que la sexualité n’y est plus ni une souffrance, ni un désir, ni un besoin. En somme un accomplissement de la demande implicite présente derrière la PMA et GPA qui, sans le formuler comme tel, aspirent à un monde où la naissance n’est plus nécessaire.

C’est dans l’attente de ce corps glorieux et pour suppléer à la faiblesse qui est la sienne après la chute que se situe la place de la technique et de la machine. C’est du moins la vision légèrement plus optimiste, mais toujours d’origine chrétienne, proposée par les Franciscains dans leur recherche d’une vie pauvre quand on est né riche[57] en continuation et développement du machinisme et de l’enrichissement collectif démarré avec l’An Mil et la restauration d’une certaine sécurité en Europe. Ce machinisme européen n’a rien de techniquement nouveau, en fait, il ne fait que récupérer des savoirs antiques parfois très supérieurs[58] mais avec une finalité complètement nouvelle puisqu’il s’agit de soulager l’homme des tâches les plus pénibles pour  permettre à chacun de se consacrer à ce qui importe le plus : le culte de Dieu et la vie de l’esprit, en vue de se préparer à la vie future[59].

C’est la modernité d’abord philosophique avec Descartes, puis politique avec la révolution libérale anti-catholique anglaise et son émule continentale en France qui vont assigner un nouveau rôle à la technique : l’émancipation par l’enrichissement d’une part et par la domination de la nature d’autre part. A ce titre le transhumanisme est le dernier avatar de cette réinvention de l’homme déjà proposée par Descartes comme « maître et possesseur de la nature » qui, comme ses prédécesseurs, promet de réaliser le paradis sur terre, en jurant, c’est promis, qu’il ne tombera pas dans leurs travers mortifères. Si l’on veut balayer le transhumanisme d’un revers de main – et d’une certaine manière on le doit – alors il faut dire que les mêmes causes produisant les mêmes effets, il ne peut pas réussir là où de plus brillants que lui ont échoués, à moins de changer sa vision du monde.

En fait la seule option sérieuse pour le transhumanisme, là où il a véritablement quelque chose à dire au monde et à l’Eglise, c’est de demander à cette dernière de rendre compte de sa foi dans la résurrection des corps. C’est-à-dire, formulé autrement, à offrir une eschatologie pour aujourd’hui, pas pour demain ou pour quand nous serons morts et alors nous verrons bien. C’est maintenant que le Christ doit nous sauver, ou alors son salut est juste du vent. Les chrétiens peuvent-ils et veulent-ils relever le défi ?


[2] On pense immédiatement à La république de Platon et La politique d’Aristote qui préconisent tous les deux un contrôle des enfants par la cité en vue de lui assurer les meilleurs citoyens possibles, surtout pas trop nombreux.
[3] En particulier le droit de vie et de mort du Pater Familias sur tous ceux de sa maison
[4] En référence au terme utilisé par Hitler pour justifier son programme d’assassinat systématique des infirmes et aliénés d’Allemagne https://fr.wikipedia.org/wiki/Aktion_T4
[5] Comme le raconte le mythe de Prométhée
[6] Ce que laissent entendre les mythes de Pandore – de façon incidente, puisqu’elle est un ‘‘cadeau empoisonné’’ des dieux aux hommes – et surtout le déluge dont seuls Deucalion et Pyrrha réchappent, là encore grâce à l’aide de Prométhée
[7] Ainsi les âges successifs de l’humanité tels que présentés par Hésiode dans Les travaux et les jours ou par Ovide dans Les métamorphoses
[8] Il est intéressant de mettre ce pessimisme en lien avec celui dont fait preuve Aristote dans son Ethique à Nicomaque où il considère qu’au-delà d’un certain degré de malice, de tendance enracinée à tendre aux actes mauvais, il est impossible de revenir à la pratique de la vertu, d’où l’importance vitale d’une bonne éducation car on ne peut le donner qu’une seule fois.
[9] C’est en tout cas le projet Des Lois de Platon, dans la continuité du projet socratique ou de La politique d’Aristote
[10] Genèse 3, 1-24
[11] En raison du nom du dogme catholique qui a explicité les causes et les conséquences de cette chute initiale
[12] Genèse 3, 5
[13] La visite de Dieu à la brise du soir
[14] On retrouve là le thème du mauvais génie de Descartes, lequel est évidement inspiré par ce thème et y répond par une confiance surnaturelle, comme aurait dû le faire Eve. Sauf que Descartes arrive après 1.600 ans de christianisme.
[15] Par rapport au mythe de Pandore les responsabilités, et le refus de les assumer, sont beaucoup plus claires. Si c’est bien la femme la cause immédiate (proxima) de la chute, en écoutant le serpent et en prenant, elle d’abord, du fruit interdit, c’est à l’homme que revient la responsabilité finale et donc entière, pour avoir consenti au péché de la femme. Par contraste ce même homme se défausse davantage que la femme, accusant implicitement Dieu (la femme que TU m’as donné), alors que celle-ci, sans pour autant vouloir l’assumer, reconnaît tout de même avoir été trompée. Il est à noter que ni l’un ni l’autre ne demandent pardon à Dieu, alors qu’ils se savent coupables et le disent.
[16] Encore une fois l’explication de la faiblesse humaine est bien plus structurée que dans les mythes grecs qui ne parvenaient pas à équilibrer responsabilité collective et individuelle dans l’origine du mal « actuel » (au sens du moment présent)
[17] Genèse 4, 1
[18] Genèse 4, 1-16
[19] Genèse 4, 25
[20] Genèse 38, 6-10
[21] Genèse 19, 30-38
[22] Exode 3, 47
[23] Genèse 11, 1-10
[24] Pour les sceptiques qui doutent de la possibilité d’une telle arche, un hollandais en a fait une réplique grandeur nature, lancée en 2012, réalisée selon les indications du récit biblique. http://www.arcofnoah.org/
[25] Genèse 5, 5-9, 17
[26] Le même phénomène semble constant durant toute l’histoire de l’humanité. Des inventions créées pour soulager la -peine humaine ou permettre de se consacrer plus pleinement à la vie spirituelle sont utilisées à des fins contraires. Les moulins au moyen-âge qui donnent naissance au premier prolétariat industriel des usines de tissages, l’imprimerie qui donne naissance à la pornographie, la machine à vapeur au second prolétariat industriel, la télévision qui produit la déculturation de masse…
[27] II Samuel 24, 1-17
[28] Même Joseph, lors de la préparation des années de disette en Egypte, n’avait pas procédé à un recensement mais s’était contenté de stocker les surplus disponibles. Genèse 40, 33-36
[29] Le « responsable, mais pas coupable » de Georgina Dufoix, telle serait la formulation moderne du choix de David
[30] Accomplissement bien sûr religieux et théologique, mais en premier lieu philosophique. Le christianisme n’aura de cesse de se présenter comme la Vraie Philosophie, dont l’archétype est bien sûr le discours de Saint Paul à l’Aréopage d’Athènes.
[31] Les juifs ne voient pas l’histoire comme les modernes, il n’y a pas une simple flèche du temps, mais une actualisation dans le temps du salut de Dieu. A chaque fête de Pâque on revit réellement le salut réalisé par Dieu ce jour-là et on traverse mystiquement la Mer Rouge. Les évènements du passé reviennent vivifier ceux du présent, leur transmettre leur vertu salvifique.
[32] D’où la valorisation si importante des anciens chez les romains, que ce soit le culte domestique ou public.
[33] Dans le chapitre 22 son De catechizandis rudibus où il présente les sept âges du monde
[34] II Pierre 3,8 citant Psaume 90, 4
[35] L’histoire du monde est divisée en période d’environ 1.000 ans. La première va d’Adam au Déluge, puis du Déluge à Abraham, d’Abraham à David, de David à l’Exil puis de l’Exil au Christ, enfin avec le Christ on est dans le sixième jour de cette semaine symbolique qui se finira au bout de 1.000 environ par la Jugement Dernier, ouverture sur le Sabbat sans fin du  Ciel.
[36] C’est la raison principale de la « grande peur » de l’An Mil, qui explique par contrecoup le « blanc manteau d’églises » offertes par les chrétiens quand ils ont vu qu’ils étaient encore là pour un moment.
[37] C’est cette relecture que propose Joachim de Flore et qui fait de lui le père spirituel des millénaristes du moyen-âge. http://fr.wikipedia.org/wiki/Joachim_de_Flore
[38] Vaudois, Albigeois, Joachin de Flore, Savonarole, fratelli italiens, Münzer…
[39] Dominicain originaire de Ferrare et prédicateur ardent à Florence, il appelait à une profonde réforme des mœurs de son temps, lesquelles en avaient le plus grand besoin, spécialement dans le haut-clergé. En 1494, suite à ses négociations avec Charles CVIII de France il prend le pouvoir à Florence et y instaure une « République chrétienne et religieuse ». Il organisa un « bûcher des vanités » où le peuple était invité à venir brûler tout ce qui était licencieux (livres, tableaux, images, robes) et une police des mœurs chargée de vérifier la moralité des habitants, avec droit de visite domiciliaire. En 1497 la ville se révolte et en 1498 il est excommunié, condamné, pendu puis brûlé en place publique.
[40] Dont la première du genre et la plus célèbre est bien sûr celle au nom éponyme publiée par Thomas More en 1516
[41] Cette école considère qu’il n’y aura pas d’ère « messianique » dirigée par le Christ en personne, entre la venue de l’Antéchrist et les épreuves précédant le jugement dernier. Pour se faire une idée de la discussion et de ses implications : http://eschatologie.free.fr/forum/juillet2007/n5millenarisme.htm http://fr.wikipedia.org/wiki/Amillénarisme
[42] La deuxième venue du Seigneur est celle qui se réalise la grâce sanctifiante, à travers les sacrements, spécialement le baptême et l’eucharistie, dans lesquels il est réellement présent, bien que de manière invisible, sa première venue étant sa naissance et la troisième son retour glorieux.
[43] La troisième venue du Christ, cette fois-ci dans la gloire, est tout l’enjeu de l’eschatologie dont le but est de préparer les chrétiens pour le moment culminant de l’histoire, sachant que le Christ et les écritures insistent lourdement sur le risque de ne pas être prêt…
[44] Symptomatique de cet état d’esprit est l’oubli des prières traditionnelles demandant la délivrance « de la peste, de la guerre et de la famine ». A fame, bello et peste libera nos Domine était une prière récitée à la fin de toutes les messes depuis la Grande Peste Noire de 1348 et ce, jusqu’au Concile Vatican II, alors même que ces menaces sont bien plus présentes aujourd’hui que jamais avant.
[45] République de Savonarole, puis les réductions jésuites du Paraguay (critiquables surtout pour leur infantilisation des populations, laquelle rendra leur défense et leur survie autonome impossible), révolution française, fouriérisme, commune de Paris, révolutions marxistes, nazisme…
[47] Jonathan Swift, Les voyages de Gulliver, Voltaire, Candide, Jules Verne, 20.000 lieues sous les mers, Joseph Conrad, Lord Jim, Georges Orwell, La ferme des animaux, 1984, Isaac Asimov, Les robots, Roy Bradbury, Fahrenheit 451, Paul-Loup Sulitzer, Le roi vert
[48] Pilgrims fathers des USA, Nazisme, URSS et ses émules, de ce fait tous aussi pleins de la même bonne conscience quand il s’agissait de tuer leurs opposants
[49] Evidement Platon et Aristote, mais aussi Dante, De monarchia, Machiavel, Le prince, Erasme, Querela pacis, Leibnitz, Projet de paix perpétuelle, Rousseau, Le contrat social
[50] Phalanstère de Fourier, coopératives de Robert Owen, Quakers, Hippies, Communautés du Larzac, Zadistes…
[52] Il s’agit à la base d’une proposition théologique de Nicolas de Cues qui considère indigne de Dieu que l’univers ait une limite (c’est-à-dire une frontière) et qu’il faut donc le voir comme une sphère, laquelle effectivement n’a pas de limites, même si elle n’est pas infinie au sens mathématique du terme.
[53] En particulier les sept âges du monde de Saint Augustin dont sont directement inspirés les âges préhistoriques de valeur croissante
[54] Sagesse 11,20 « Car Dieu a tout créé avec mesure, nombre et poids » relu à travers Platon
[55] Schéma théologique qui décrit les dogmes chrétiens en fonction de leur déploiement historique, notamment dans la Somme Théologique de Thomas d’Aquin.
[56] Apocalypse de la Vérité : Méditations heideggériennes, Paris, ad Solem, 2014
[57] Giacomo Todeschini, Richesse Franciscaine, Lagrasse, Verdier, 2009  http://wodka.over-blog.com/article-35779164.html
[58] A titre d’exemple la machine d’Anticythère de 200 Av JC ne sera dépassée en complexité qu’en 1330 avec la première horloge astronomique européenne https://fr.wikipedia.org/wiki/Machine_d’Anticythère
[59] Sur ce point l’ouvrage fondamental de Jean Gimpel La révolution industrielle au Moyens Age, Paris, Seuil, 1975 http://www.an1000.org/Forum-Moyen-Age/la-revolution-industrielle-du-moyen-age-t719.html