En toute chose il faut revenir à l’origine des
concepts pour pouvoir les comprendre de manière adéquate. Mais plutôt que de
partir du terme « transhumanisme » ou de celui utilisé juste avant
lui « eugénisme » il semble plus efficace de rechercher la trace
historique des pratiques recommandées par ces écoles de pensée.
Le transhumanisme propose une fusion entre l’homme et
la machine en vue libérer celui-ci des faiblesses et des limites de son corps
faillible au point d’être mortel après une vie de maladie et de dégénérescence.
Cette recherche de l’affranchissement des limites du corps malade est une
constante, aussi bien des sociétés dites « primitives » comme les
indiens d’Amazonie qui tuent ou abandonnent les enfants malformés et les vieux
qui ne peuvent plus marcher[1] que de l’antiquité grecque[2] et romaine[3] qui connaît elle
aussi l’exposition des enfants mal-formés, l’avortement et la sélection des
couples autorisés à procréer. Ces pratiques ne sont en rien "barbare"
au sens péjoratif d'irrationnel, bien au contraire. C'est pourquoi, comme pour
le transhumanisme qui les réactualisent, il faut en comprendre la logique pour
pouvoir en dépasser les conséquences néfastes.
Ainsi donc, avortement, élimination des infirmes et
autre "Gnadentod[4]" s’inscrivent dans
une vision cohérente du monde où les hommes non seulement se sont appropriés la
sagesse des dieux[5] mais se montrent de
surcroît toujours plus désobéissants[6] et impies avec eux[7]. Il y a donc chez
l’homme au départ une aspiration et une capacité originelle à vivre en
compagnie des dieux, mais qu’il a perdu du fait de sa corruption chaque fois
plus grande[8].
La cause de cette corruption de l’homme n’est pas claire et le rôle particulier
qu’y joue la technique reste ambivalent. D’un côté, la maîtrise technique est
source d’hubris de la part des hommes, mais d’autre part, ayant été privés par
la négligence d’Epiméthée des défenses naturelles nécessaires à leur vie, la
technique et la civilisation leur sont à bon droit dues, à titre de secours à
leur faiblesse. Ce qui est par contre certain c’est la tendance récurrente de
l’homme de l’âge de fer – notre âge – à faire preuve d’orgueil, de violence,
d’avarice et tous les autres vices qui le rendent digne de châtiment de la part
des dieux. Ces tendances ne sont pas invincibles et une vie vertueuse est
possible, avec la technique comme auxiliaire, tel est du moins l’espoir que les
philosophes proposent, comme alternative au pessimisme radical des mythes
fondateurs gréco-romains[9].
Dans la Bible nous trouvons au
contraire une critique virulente des prétentions humaines à contrôler
entièrement la vie dans ses différents aspects. Cette dénonciation c’est en
premier lieu celle du récit de la chute[10], que nous appelons
« péché originel[11] ». Nous connaissons
tous ce récit et le mensonge qu’il dénonce, la fausse promesse d’être
« comme des dieux[12] ». D’abord ils
étaient déjà « comme Dieu » puisqu’ils vivaient en sa compagnie[13]. Ensuite il y a la
promesse d’accéder à une sagesse supérieure, qui leur serait caché par
malveillance, laquelle exigerait donc un rétablissement de la justice par une
rébellion contre le tyran[14]. On retrouve donc les
thèmes prométhéens, mais avec une clarté et une précision bien plus grande. Il
y a, au départ de la rébellion humaine, une tromperie dans laquelle l’homme a
accepté de se laisser entraîner[15] et dont il doit dès lors
assumer les conséquences[16] qui sont à la fois
physiques (faiblesse qui va jusqu’à provoquer la mort) et morales (tendance au
mal du fait d’une volonté blessée).
C’est sur cette base d’une
nature déchue que la Bible fait ensuite une critique sévère de la volonté de
contrôler la fécondité, et d’abord l’attitude prépotente d’Eve qui a
« acquis » un homme d’auprès de Dieu[17], lequel deviendra
meurtrier de son frère[18]. Cette violence
symbolique qu’est cet « acquis de » n’est pas pour rien dans la
jalousie de Caïn pour son puîné Abel. Elle est la violence même du « droit
à l’enfant » de l’enfant désiré, presque voulu de force par ses parents,
le contraire de l’enfant reçu comme un don. Eve a bien compris cela puisque
c’est comme un don qu’elle recevra son fils suivant, Seth[19]. C’est aussi la raison de
la critique d’Onan qui en séparant sexualité et procréation[20] détruit la dimension du
don dans le mariage, le privant ainsi de son sens. Et c’est pour défendre le
don de la vie que le texte prend les puritains à contre-pied, en prenant acte
des origines incestueuses des enfants des filles de Lot[21], montrant ainsi le don
que sont toujours les enfants, qui par ailleurs n’ont pas à payer pour les
crimes de leurs parents. Toutefois, bien qu’innocents, les enfants subissent tout
de même inévitablement une influence négative du péché de leurs parents « jusqu’à
la troisième et quatrième génération » d’après la Bible et dont il leur
appartient de s’affranchir avec l’aide de Dieu[22].
Mais la Bible critique
également vertement le technicisme prométhéen de la tour de Babel, une
construction édifiée pour concurrencer Dieu et auto-diviniser l’humanité au
lieu de l’aider à mieux le servir et l’aimer[23], reniant ainsi l’utilité
de tout recevoir comme un don de Dieu. Ce n’est pas la technique qui est
mauvaise, comme le prouve de manière tout à fait contraire l’exploit technique[24] que constitue l’arche de
Noé[25]. Il est à cet égard
intéressant de noter que l’épisode de la tour de Babel intervient juste après
la sortie de l’arche, comme si c’est l’exploit qu’elle constituait qui donnait
des idées aux hommes[26]. Dans un genre un peu
différent on a l‘épisode de la peste envoyée sur Israël pour punir le recensement
du peuple ordonné par David[27]. Deux choses nous
intéressent dans ce dernier récit ; d’abord la conscience qu’ont les
serviteurs du roi de faire acte d’un orgueil démesuré en voulant compter le
peuple, c’est-à-dire le contrôler, comme le ferait un berger, alors que le seul
vrai berger d’Israël c’est Dieu[28]. Ce sont ensuite les
pénitences proposées à David, puisque l’une d’entre elle fait retomber le poids
de la faute sur le seul roi – et avec justice, puisqu’il est le seul
responsable du péché, ce dont il est conscient – alors que les deux autres font
retomber la faute sur le peuple – lequel, même s’il est à l’origine de la
colère de Dieu, n’est en rien coupable du péché de David. On peut noter à cette
occasion que David manque ici de confiance en Dieu, puisqu’il ne semble ne pas
croire à la proposition d’avoir à fuir trois mois devant son ennemi, pas de
tomber entre ses mains. Il choisit donc, par peur des hommes, de faire retomber
le poids de sa faute sur ses subordonnés, se révélant en cela un parfait
précurseur d’innombrables princes après lui[29].
Ces deux visions vont être
synthétisées par le christianisme qui n’est pas simplement une amélioration de
l’Ancien Testament, mais son accomplissement[30], ceci notamment en
proposant une vision renouvelée des époques de l’histoire qui intègre à la fois
la vision cyclique de l’histoire des anciens et la vision linéaire de la Bible[31]. En effet, même si les
grecs et les romains connaissent la chronologie, l’histoire est le fruit du
Fatum, de cycles historiques qui échappent aux hommes et auxquels ils doivent
se soumettre de gré ou de force. La seule chose qu’ils puissent faire est de
chercher à maintenir la fidélité aux vertus des ancêtres, seule manière de
perdurer en conservant la force originelle qui a fait leurs premiers succès[32]. L’auteur déterminant de
cette synthèse est Saint Augustin[33] qui est le premier à
proposer une lecture analogique du verset « aux yeux du Seigneur, un jour
est comme mille ans[34] » et dans laquelle
les hommes sont entrés dans le sixième âge du monde avec la naissance du Christ[35]. Bien évidement ce
qu’Augustin ne savait pas c’est qu’en l’an Mil[36] le sabbat éternel espéré
par lui n’aurait pas lieu. Du coup la Chrétienté a dû complètement repenser son
eschatologie[37],
puisque les faits montraient que sa lecture des textes ne correspondait à rien
de ce qui était écrit dans la Bible. C’est la raison pour laquelle les groupes
millénaristes[38]
ont une telle audience du X° au XVI° siècle, grosso modo jusqu’à ce que
l’irruption du protestantisme renvoie la question au rayon des théories moins
urgentes.
Cette question n’a toutefois
rien de secondaire, car exactement au moment où l’Eglise détruit les tendances
millénaristes en son sein – ce que l’on peut estimer réalisé avec la
condamnation de Savonarole[39] – le millénarisme prend
une tournure politique et laïque, avec les premières Utopies[40]. Depuis cette date la
lecture eschatologique ultra-dominante est celle de l’anti-millénarisme[41] qui continue la lecture
augustinienne, en lui enlevant toute perspective de fin. De ce fait, depuis 500
ans l’Eglise vit dans une sorte d’éternel présent de la deuxième venue du
Seigneur[42],
dans l’attente d’une lointaine troisième venue[43], ce qui a conduit
concrètement à une perte de l’eschatologie, de la conscience vive que ce monde
est provisoire et que l’on n’a pas vocation à y faire son ciel[44]. Paradoxalement c’est la
crainte des exactions très réelles des millénarismes politiques[45] qui pousse l’Eglise à se
retirer de ce qui est pourtant le cœur de son message : l’avènement du
Royaume de Dieu qui à la fois n’est pas du monde, mais est bien dans ce monde,
avec la mission de le changer, en changeant le cœur de chaque homme.
C’est sur ce retrait de
l’Eglise du discours eschatologique – alors même que son enseignement et ces
rites nourrissent une espérance messianique – que vont prospérer les
eschatologies et les messianismes mondains. D’Utopia au Meilleur des mondes
on en compte des centaines d’utopies[46], sous forme de romans[47], de fondations politiques[48], d’essais philosophiques[49], de tentatives de
communautés utopiques réalisées[50] ou à venir[51].
Ces utopies ou leurs jumeaux
mimétiques, les dystopies, sont en fait les œuvres théologiques de la religion
de la modernité, le progrès. Celui-ci consiste en une complexification du monde
selon une croissance infinie, obtenue par la biologie et par la technique, depuis
un point de départ chaotique, le big-bang. Cette religion repose sur trois
postulats majeurs, issus du christianisme ; l’infinité du monde[52], l’orientation positive
de l’histoire[53]
et la mathématisation du réel[54]. C’est donc la troisième vision globale l’histoire,
après celle de l’Antiquité, reposant sur la dégradation successive des âges
d’or, d’argent, de bronze et de fer et du Christianisme avec son exitus-reditus[55],
création, chute, rédemption et salut.
Ce qui a mon avis donne
naissance au « transhumanisme » contemporain, plus que des idées
chrétiennes devenues folles, c’est la disparition d’un discours chrétien
intégral ou crédible, en particulier sur le péché originel et la rédemption,
bref la perte d’une dimension eschatologique actuelle, capable de remplir les
aspirations de libération et de plénitude d’aujourd’hui.
Le transhumanisme souligne
avec raison la misère actuelle de la condition humaine, qui est objectivement
inférieure, voire contraire au projet initial de Dieu sur l’humanité. Nous
sommes dans un monde déchu dans lequel corps, âme, cœur et esprit sont désunis,
désunion dont la mort est la sanction inévitable.
En ce sens Jean Vioulac[56] en proposant une lecture
philosophique du concept d’apocalypse, offre à mon sens une critique sérieuse
de la prétention de la technique moderne à émanciper l’homme des limites
propres à son corps et donc à nier la validité et même la légitimité de se
soumettre à une nature corpo-intellectuelle qui lui soit donnée comme cadre
d’épanouissement authentique.
Il me semble donc que ce qui manque
au Transhumanisme – et ce en quoi il est typiquement moderne – c’est
l’aspiration à une rédemption ou une plénification du corps humain, ce qui fait
précisément l’originalité de l’apocalypse chrétienne : la promesse d’un corps
glorieux où esprit et chair soient tellement en harmonie que la sexualité n’y
est plus ni une souffrance, ni un désir, ni un besoin. En somme un
accomplissement de la demande implicite présente derrière la PMA et GPA qui,
sans le formuler comme tel, aspirent à un monde où la naissance n’est plus
nécessaire.
C’est dans l’attente de ce
corps glorieux et pour suppléer à la faiblesse qui est la sienne après la chute
que se situe la place de la technique et de la machine. C’est du moins la
vision légèrement plus optimiste, mais toujours d’origine chrétienne, proposée
par les Franciscains dans leur recherche d’une vie pauvre quand on est né riche[57] en continuation et
développement du machinisme et de l’enrichissement collectif démarré avec l’An
Mil et la restauration d’une certaine sécurité en Europe. Ce machinisme
européen n’a rien de techniquement nouveau, en fait, il ne fait que récupérer
des savoirs antiques parfois très supérieurs[58] mais avec une finalité
complètement nouvelle puisqu’il s’agit de soulager l’homme des tâches les plus
pénibles pour permettre à chacun de se
consacrer à ce qui importe le plus : le culte de Dieu et la vie de
l’esprit, en vue de se préparer à la vie future[59].
C’est la modernité d’abord
philosophique avec Descartes, puis politique avec la révolution libérale
anti-catholique anglaise et son émule continentale en France qui vont assigner
un nouveau rôle à la technique : l’émancipation par l’enrichissement d’une
part et par la domination de la nature d’autre part. A ce titre le transhumanisme
est le dernier avatar de cette réinvention de l’homme déjà proposée par
Descartes comme « maître et possesseur de la nature » qui, comme ses
prédécesseurs, promet de réaliser le paradis sur terre, en jurant, c’est promis,
qu’il ne tombera pas dans leurs travers mortifères. Si l’on veut balayer le
transhumanisme d’un revers de main – et d’une certaine manière on le doit –
alors il faut dire que les mêmes causes produisant les mêmes effets, il ne peut
pas réussir là où de plus brillants que lui ont échoués, à moins de changer sa
vision du monde.
En fait la seule option
sérieuse pour le transhumanisme, là où il a véritablement quelque chose à dire
au monde et à l’Eglise, c’est de demander à cette dernière de rendre compte de
sa foi dans la résurrection des corps. C’est-à-dire, formulé autrement, à
offrir une eschatologie pour aujourd’hui, pas pour demain ou pour quand nous
serons morts et alors nous verrons bien. C’est maintenant que le Christ doit
nous sauver, ou alors son salut est juste du vent. Les chrétiens peuvent-ils et
veulent-ils relever le défi ?
[2] On pense immédiatement à La république de Platon et La politique d’Aristote qui préconisent tous les deux
un contrôle des enfants par la cité en vue de lui assurer les meilleurs
citoyens possibles, surtout pas trop nombreux.
[4] En référence au terme
utilisé par Hitler pour justifier son programme d’assassinat systématique des
infirmes et aliénés d’Allemagne https://fr.wikipedia.org/wiki/Aktion_T4
[6] Ce que laissent entendre les
mythes de Pandore – de façon incidente, puisqu’elle est un ‘‘cadeau
empoisonné’’ des dieux aux hommes – et surtout le déluge dont seuls Deucalion
et Pyrrha réchappent, là encore grâce à l’aide de Prométhée
[7] Ainsi les âges successifs de
l’humanité tels que présentés par Hésiode dans Les travaux et les jours ou par Ovide dans Les métamorphoses
[8] Il est intéressant de mettre ce pessimisme en lien
avec celui dont fait preuve Aristote dans son Ethique à Nicomaque où il considère qu’au-delà d’un certain degré
de malice, de tendance enracinée à tendre aux actes mauvais, il est impossible
de revenir à la pratique de la vertu, d’où l’importance vitale d’une bonne
éducation car on ne peut le donner qu’une seule fois.
[9] C’est en tout cas le projet Des Lois de Platon, dans la continuité du projet socratique ou de La politique d’Aristote
[10] Genèse 3, 1-24
[11] En raison du nom du dogme catholique qui a explicité
les causes et les conséquences de cette chute initiale
[12] Genèse 3, 5
[13] La visite de Dieu à la brise du soir
[14] On retrouve là le thème du mauvais génie de Descartes,
lequel est évidement inspiré par ce thème et y répond par une confiance
surnaturelle, comme aurait dû le faire Eve. Sauf que Descartes arrive après
1.600 ans de christianisme.
[15] Par rapport au mythe de Pandore les responsabilités,
et le refus de les assumer, sont beaucoup plus claires. Si c’est bien la femme
la cause immédiate (proxima) de la
chute, en écoutant le serpent et en prenant, elle d’abord, du fruit interdit,
c’est à l’homme que revient la responsabilité finale et donc entière, pour
avoir consenti au péché de la femme. Par contraste ce même homme se défausse
davantage que la femme, accusant implicitement Dieu (la femme que TU m’as
donné), alors que celle-ci, sans pour autant vouloir l’assumer, reconnaît tout
de même avoir été trompée. Il est à noter que ni l’un ni l’autre ne demandent
pardon à Dieu, alors qu’ils se savent coupables et le disent.
[16] Encore une fois l’explication de la faiblesse humaine
est bien plus structurée que dans les mythes grecs qui ne parvenaient pas à
équilibrer responsabilité collective et individuelle dans l’origine du mal
« actuel » (au sens du moment présent)
[17] Genèse 4, 1
[18] Genèse 4, 1-16
[19] Genèse 4, 25
[20] Genèse 38, 6-10
[21] Genèse 19, 30-38
[22]
Exode 3, 47
[23] Genèse 11, 1-10
[24] Pour les sceptiques qui doutent de la possibilité
d’une telle arche, un hollandais en a fait une réplique grandeur nature, lancée
en 2012, réalisée selon les indications du récit biblique. http://www.arcofnoah.org/
[25] Genèse 5, 5-9, 17
[26] Le même phénomène semble constant durant toute l’histoire
de l’humanité. Des inventions créées pour soulager la -peine humaine ou
permettre de se consacrer plus pleinement à la vie spirituelle sont utilisées à
des fins contraires. Les moulins au moyen-âge qui donnent naissance au premier
prolétariat industriel des usines de tissages, l’imprimerie qui donne naissance
à la pornographie, la machine à vapeur au second prolétariat industriel, la
télévision qui produit la déculturation de masse…
[27] II Samuel 24, 1-17
[28] Même Joseph, lors de la préparation des années de
disette en Egypte, n’avait pas procédé à un recensement mais s’était contenté
de stocker les surplus disponibles. Genèse 40, 33-36
[29] Le « responsable, mais pas
coupable » de Georgina Dufoix, telle serait la formulation moderne du
choix de David
[30] Accomplissement bien sûr religieux et théologique,
mais en premier lieu philosophique. Le christianisme n’aura de cesse de se
présenter comme la Vraie Philosophie, dont l’archétype est bien sûr le discours
de Saint Paul à l’Aréopage d’Athènes.
[31] Les juifs ne voient pas l’histoire comme les modernes,
il n’y a pas une simple flèche du temps, mais une actualisation dans le temps
du salut de Dieu. A chaque fête de Pâque on revit réellement le salut réalisé
par Dieu ce jour-là et on traverse mystiquement la Mer Rouge. Les évènements du
passé reviennent vivifier ceux du présent, leur transmettre leur vertu
salvifique.
[32] D’où la valorisation si importante des anciens chez
les romains, que ce soit le culte domestique ou public.
[33] Dans le chapitre 22 son De catechizandis rudibus où il présente les sept âges du monde
[34] II Pierre 3,8 citant Psaume 90, 4
[35] L’histoire du monde est divisée en période d’environ
1.000 ans. La première va d’Adam au Déluge, puis du Déluge à Abraham, d’Abraham
à David, de David à l’Exil puis de l’Exil au Christ, enfin avec le Christ on
est dans le sixième jour de cette semaine symbolique qui se finira au bout de
1.000 environ par la Jugement Dernier, ouverture sur le Sabbat sans fin du Ciel.
[36] C’est la raison principale de la « grande
peur » de l’An Mil, qui explique par contrecoup le « blanc manteau
d’églises » offertes par les chrétiens quand ils ont vu qu’ils étaient
encore là pour un moment.
[37] C’est cette relecture que propose Joachim de Flore et
qui fait de lui le père spirituel des millénaristes du moyen-âge. http://fr.wikipedia.org/wiki/Joachim_de_Flore
[38] Vaudois, Albigeois, Joachin de Flore, Savonarole,
fratelli italiens, Münzer…
[39] Dominicain originaire de Ferrare et prédicateur ardent
à Florence, il appelait à une profonde réforme des mœurs de son temps,
lesquelles en avaient le plus grand besoin, spécialement dans le haut-clergé.
En 1494, suite à ses négociations avec Charles CVIII de France il prend le
pouvoir à Florence et y instaure une « République chrétienne et
religieuse ». Il organisa un « bûcher des vanités » où le peuple
était invité à venir brûler tout ce qui était licencieux (livres, tableaux,
images, robes) et une police des mœurs chargée de vérifier la moralité des habitants,
avec droit de visite domiciliaire. En 1497 la ville se révolte et en 1498 il
est excommunié, condamné, pendu puis brûlé en place publique.
[40] Dont la première du genre et la plus célèbre est bien
sûr celle au nom éponyme publiée par Thomas More en 1516
[41] Cette école considère qu’il n’y aura pas d’ère
« messianique » dirigée par le Christ en personne, entre la venue de
l’Antéchrist et les épreuves précédant le jugement dernier. Pour se faire une
idée de la discussion et de ses implications : http://eschatologie.free.fr/forum/juillet2007/n5millenarisme.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Amillénarisme
[42] La deuxième venue du Seigneur est celle qui se réalise
la grâce sanctifiante, à travers les sacrements, spécialement le baptême et
l’eucharistie, dans lesquels il est réellement présent, bien que de manière
invisible, sa première venue étant sa naissance et la troisième son retour
glorieux.
[43] La troisième venue du Christ, cette fois-ci dans la
gloire, est tout l’enjeu de l’eschatologie dont le but est de préparer les
chrétiens pour le moment culminant de l’histoire, sachant que le Christ et les
écritures insistent lourdement sur le risque de ne pas être prêt…
[44] Symptomatique de cet état d’esprit est l’oubli des
prières traditionnelles demandant la délivrance « de la peste, de la
guerre et de la famine ». A fame,
bello et peste libera nos Domine était une prière récitée à la fin de
toutes les messes depuis la Grande Peste Noire de 1348 et ce, jusqu’au Concile
Vatican II, alors même que ces menaces sont bien plus présentes aujourd’hui que
jamais avant.
[45] République de Savonarole, puis les réductions jésuites
du Paraguay (critiquables surtout pour leur infantilisation des populations,
laquelle rendra leur défense et leur survie autonome impossible), révolution
française, fouriérisme, commune de Paris, révolutions marxistes, nazisme…
[47] Jonathan Swift, Les
voyages de Gulliver, Voltaire, Candide,
Jules Verne, 20.000 lieues sous les mers,
Joseph Conrad, Lord Jim, Georges
Orwell, La ferme des animaux, 1984,
Isaac Asimov, Les robots, Roy Bradbury,
Fahrenheit 451, Paul-Loup Sulitzer, Le roi vert…
[48] Pilgrims fathers des USA, Nazisme, URSS et ses émules,
de ce fait tous aussi pleins de la même bonne conscience quand il s’agissait de
tuer leurs opposants
[49] Evidement Platon et Aristote, mais aussi Dante, De monarchia, Machiavel, Le prince, Erasme, Querela pacis, Leibnitz, Projet
de paix perpétuelle, Rousseau, Le
contrat social…
[50] Phalanstère de Fourier, coopératives de Robert Owen,
Quakers, Hippies, Communautés du Larzac, Zadistes…
[52] Il s’agit à la base d’une proposition théologique de
Nicolas de Cues qui considère indigne de Dieu que l’univers ait une limite
(c’est-à-dire une frontière) et qu’il faut donc le voir comme une sphère,
laquelle effectivement n’a pas de limites, même si elle n’est pas infinie au
sens mathématique du terme.
[53] En particulier les sept âges du monde de Saint
Augustin dont sont directement inspirés les âges préhistoriques de valeur
croissante
[54] Sagesse 11,20 « Car Dieu a tout créé avec mesure,
nombre et poids » relu à travers Platon
[55] Schéma théologique qui décrit les dogmes chrétiens en
fonction de leur déploiement historique, notamment dans la Somme Théologique de
Thomas d’Aquin.
[56] Apocalypse de la
Vérité : Méditations heideggériennes, Paris, ad Solem, 2014
[57] Giacomo Todeschini, Richesse Franciscaine, Lagrasse, Verdier, 2009 http://wodka.over-blog.com/article-35779164.html
[58] A titre d’exemple la machine d’Anticythère de 200 Av
JC ne sera dépassée en complexité qu’en 1330 avec la première horloge
astronomique européenne https://fr.wikipedia.org/wiki/Machine_d’Anticythère
[59] Sur ce point l’ouvrage fondamental de Jean Gimpel La révolution industrielle au Moyens Age,
Paris, Seuil, 1975 http://www.an1000.org/Forum-Moyen-Age/la-revolution-industrielle-du-moyen-age-t719.html