dimanche 17 août 2014

Le véritable problème du mariage entre tous

Le mariage entre tous – qui est le véritable non de la réforme portée par la ministre Taubira – pose toute une série de problèmes qui vont bien au-delà des conséquences immédiates pour les enfants. Toutefois, faute d’avoir été clairement désignés, en allant à la racine des choses, le débat précédent l’adoption du texte n’a pas eu lieu. On a assisté à des invectives réciproques, lesquelles ont en partie masqué les incertitudes de chacun vis-à-vis des questions en jeu : quelle place pour les personnes qui ne vivent pas une vie de famille normale, quelle place et quelle mission pour le couple homme-femme aimant, quel but pour cette vie mortelle ?

Comme témoin pendant les veillées, en lisant les commentaires et les réactions publiées ou relayées par les médias aussi bien mainstream qu’alternatifs c'est avec plaisir que je constate que les initiatives comme les Veilleurs ou les Sentinelles suscitent l'intérêt, même négatif des "partisans" de la loi Taubira. Cela signifie qu'un véritable échange est possible. La démarche des Veilleurs – et des autres initiatives de réveil des esprits – est donc pertinente. Leur silence, leur présence invitent et presque obligent les passants, spectateurs, badauds ou opposants à rentrer en eux-mêmes et à donner des arguments, ce qui conduit chacun, plus ou moins rapidement à s’interroger sur ses propres motivations dans ce débat.

Je constate également que de part et d'autre nous sommes encore dans l'invective et les simplifications et la première mission des Veilleurs est donc bien d'ouvrir les participants aux veillées à la totalité du réel, y compris la souffrance et les besoins réels des personnes dites "homosexuelles". La loi Taubira ne pourrait pas exister sans un problème réel et une souffrance profonde de la part de personnes de même sexe vivant ensemble. D’une manière plus générale des termes comme ‘‘homophobes’’ ou ‘‘gayxtremisme’’ témoigne d’une ignorance et/ou d’un mépris des personnes réelles qui doit cesser. Il ne faut pas confondre le problème et son instrumentalisation par un lobby ou un groupe idéologique. A cet égard j’ai noté la pertinence du fondateur des Veilleurs debout qui a relevé le risque non négligeable de superficialité qui guette tout participant à une action d’éveil de la conscience qu’elle soit le fait des ‘‘bons’’ comme les Veilleurs ou des ‘‘méchants’’ comme le Front de Gauche (inversez les rôles si vous vous sentez proche du ''Front de Gauche''). Devant la difficulté physique et la remise en cause de notre propre confort personnel, surtout le confort de la pensée prémâchée, la tentation est grande de fuir par le rêve, la musique sur les oreilles,la lecture de divertissement, le bavardage ou encore plus simplement la répétition mécanique et impensée de slogans appris, comme le font les perroquets.

Veiller sur le réel implique donc aussi de savoir reconnaître et accepter ses propres limites, y compris en arrêtant de Veiller debout ou assis. Si le premier résultat de notre veille n’est pas de nous sensibiliser davantage au réel et à ses limites, nous faisons fausse route. C’est uniquement si nous sommes connectés au réel, enracinés dans la vie, que nous pouvons saisir l’injustice du mariage entre tous et nous engager dans une lutte efficace. Le problème de la loi Taubira et de ses conséquences implicites (mères porteuses, enfants privés de leur père ou de leur mère) vient de confusions et d'amalgames entre trois problèmes, utilisés par les promoteurs de l'idéologie moderniste pour accélérer la décomposition de la société occidentale.
1) La signification de l'homosexualité
2) Le rôle et la place des personnes ayant une attirance pour les personnes de leur sexe
3) Les besoins spécifiques des personnes vivant en couple non familiaux

Ce sont ces trois problèmes qui seront très rapidement esquissés ici. Traiter de manière adéquate ces questions demandera encore des années d’études et de recherches scientifiques, psychologiques et théologiques, mais il faut donner un axe de travail et ceci est une première proposition.


1)      La signification de l'homosexualité

Il semble plus approprié de parler de "ganymedisme" ou de "lesbianisme" pour rendre son aspect concret, partiel et différencié à l’attirance d’un homme ou d’une femme pour les personnes de même sexe. A cet égard un mot concret et descriptif, servant à désigner ce type d’attirance affectivo-sexuelle stable serait le bienvenue pour améliorer la qualité du débat de société.

Ce qui est donc appelé par facilité "homosexualité" est un trouble de la personnalité (il est ressenti comme tel par les intéressés) qui se caractérise principalement par un conflit entre leur attirance affectivo-sexuelle et leur conformation physique. Ils se savent faits pour s’accoupler avec les personnes du sexe opposé, mais ressentent un désir pour celles de leur sexe. Les causes de ce troubles sont mal identifiées et potentiellement nombreuses ; d'ordre aussi bien physique (perturbation des hormones, gestation problématique, vaccins...) que psychologique (traumatisme relationnel avec le parent du même sexe, initiation sexuelle par un adulte du même sexe, pornographie homosexuelle pendant la pré-puberté, conflits relationnels avec les jeunes du même âge...). Chaque personne concernée aura une histoire et un vécu différent, mais toutes doivent affronter un "syndrome" dans le sens où elles sont en conflit avec la part "reproductive" de leur sexualité. C'est une blessure profonde qui doit être reconnue et acceptée aussi bien par l'intéressé que par son entourage. Nous assistons ici au même phénomène d’ignorance et de manque de délicatesse qu’envers les personnes handicapés ou âgées. Faute d’être dans le concret, le contact physique et le réel on aggrave trop souvent la souffrance des intéressés en la camouflant ou en la niant.

Etre pour ou contre l’homosexualité, en réalité c’est passer à côté du problème et cela peut aller, entre personnes ayant une attirance homosexuelle, jusqu’à des actes homophobes, comme l’a montré Philippe Ariño dans ses essais[1]. Ceux-ci prennent la forme d’une pratique ou d’un refus exacerbé de cette attirance, faute de l’avoir comprise et accepté.

En effet ressentir n'est pas consentir et cette attirance, même si elle est "anormale", au sens de hors de la norme de la sexualité féconde, n'est pas en soi une faute. Le problème commence quand on passe aux actes sexuels avec une personne de son sexe; les effets sont les mêmes que pour les pratiques sexuelles "normales" ; on peut y trouver du plaisir, devenir même dépendant, tout comme les personnes "hétérosexuelles". Dans ce contexte précis d'addiction à la pratique sexuelle il est juste de parler "d'homosexualité" et "d'hétérosexualité" car dans les deux cas il s'agit d'une polarisation de la personnalité autour d'un domaine de la vie, important, mais pas essentiel, le sexe. Le vrai sens de l'attirance pour les personnes de son sexe est en revanche celle d'une souffrance structurante qui permet de comprendre, une fois assumée et intégrée, toute la valeur et la richesse de la communion charnelle et spirituelle entre hommes et femmes. Ces personnes ont d'ailleurs plus de facilité à créer des relations amicales fortes avec les personnes de sexe opposées.

Il convient donc de distinguer soigneusement l’attirance affectivo-sexuelle pour les personnes de son sexe, qui est une souffrance, comme peuvent être le handicap ou la maladie, et qui intégrée et acceptée est source d’une grande richesse intérieure et sociale d’une part, des actes homosexuels d’autre part. Ceux-ci ne sont pas essentiels à la personne, au contraire ils accentuent sa souffrance en aiguisant la conscience de l’impossible fécondité à laquelle aspirent les actes sexuels qu’elle pose.


2) Le rôle et la place des personnes ayant une attirance pour les personnes de leur sexe

Le rôle et la place des personnes attirées par celles de leur sexe est donc de vivre au nom et pour le compte de nous tous la souffrance qu'implique l'ambivalence présente dans toute relation humaines. Ce rôle difficile et exigeant repose sur la blessure ouverte et saignante qu'est pour elles le conflit constant entre attirance affective et réalité charnelle. Elles voudraient s'unir aux personnes de leur sexe, mais leur corps ne permet pas la communion féconde qui devrait couronner cette attirance. Deux options se présentent alors : sublimer ce conflit pour leur propre bien et le nôtre ou bien opter pour la satisfaction de ce penchant.

En contrepartie de cette blessure intime les personnes attirées par celles de leur sexe ont une grande sensibilité qui les prédisposent à exprimer et chanter l'expérience humaine à travers l'art, la création, la pensée, la science, tout comme nombre d'autres minorités marquées par la souffrance. Les plus grands artistes, scientifiques, penseurs ont souvent eu des tendances homosexuelles fortes et nous devons les aimer et les remercier pour ce service qui rend les hommes meilleurs et la vie plus douce à vivre.

Les personnes attirées par celles de leur sexe nous rappellent aussi la place relative et partielle de la vie familiale. Le couple homme-femme aimant, même s’il est un modèle d’accomplissement merveilleux n’est pas le tout de la vie humaine. D’autres domaines comme la vie de l’esprit ou de la charité ont même une importance plus grande et plus essentielle. Sans les arts ou la culture, la vie familiale serait sans idéal à vivre et à transmettre et resterait frustre et incomplète.

Enfin les personnes dites ‘‘homosexuelles’’ ont beaucoup à nous dire sur l’incomplétude de cette vie. Notre vie ici, même profondément heureuse ne peut satisfaire totalement notre cœur, ce que les personnes attirés par celles de leur sexe expérimentent tous les jours. Elles savent que le paradis sur terre n’existe pas et leur aspiration à pouvoir donner leur cœur autrement les rend capable de nous faire éprouver la nostalgie du ciel où toute souffrance sera définitivement effacée. Et leur cœur à vif souffre d’autant plus que les conditions matérielles de leur vie peuvent être difficiles.


3) Les besoins spécifiques des personnes vivant dans des couples non familiaux

Comme nous l’avons dit il y a un vrai problème, pas spécifique aux personnes homosexuelles, de protection des couples "non-familiaux" comme par exemple une veuve vivant avec son fils, deux sœurs, un oncle et sa nièces, deux amis d'enfance. Ces "paires" pour être plus exact mettent en commun leurs ressources affectives et matérielles et rendent un grand service à la société en vivant une solidarité concrète et simple. C'est cette solidarité qui doit être reconnue et soutenue, indépendamment des questions de vie intime que la société n'a pas à connaître car elles relèvent du cœur de chacun.

Par contre la reconnaissance sociale du couple "homosexuel" elle n'est pas envisageable car elle est une injustice faite au couple aimant homme-femme, le seul à même de transmettre la vie et qui est institué dans ce but. Ce service de transmission de la vie inclut celui de la culture et du patrimoine, ce qui autorise la formation de couples "stériles" car insérés  dans un projet familial plus vaste d'une part et parce que d'autre part on ne peut préjuger du résultat d'une union. La société demande donc juste que les conditions de possibilité de transmission de la vie soient réunies. Pour le reste il est sage de ne pas juger d’avance car la stérilité entre homme et femme est d'ailleurs accidentelle, pas essentielle, comme le montre le cas un peu exceptionnel d'Abraham et Sarah, parents d’Isaac à 99 et 90 ans. Le besoin des couples non familiaux doit donc être envisagé sous l'angle de la solidarité humaine et un simple contrat civil doit l'organiser.

Le problème est donc en fait l'intervention de l'état dans les contrats privés et la confiscation du patrimoine des personnes qui ne sont pas protégées par un contrat légal. En interdisant l'organisation spontanée de la solidarité humaine par le biais de la confiscation fiscale du patrimoine l'état a suscité l'apparition de mouvement de défense de l'égalité fiscale entre citoyens, d'abord entre concubins "familiaux" pour la défense de leur famille (conjoint survivant et enfants) et ensuite des personnes de même sexe.

Il se trouve que certaines personnes de même sexe vivant ensemble ont aussi des enfants. Le plus souvent ces enfants sont nés d’une union familiale antérieure, auquel cas le droit des couples séparés s’applique, sous le contrôle du juge, chargé de garantir l’équilibre financier et affectif entre les anciennes parties. Dans un certain nombre de cas plus restreints ces enfants sont nés de manipulations plus ou moins hasardeuses comme des dons de spermes, des mères porteuses, des adoptions truquées. Il revient alors au juge de rechercher le bien de l’enfant, au besoin en cassant des contrats civil illégaux et en rendant l’enfant à ses parents ou en le confiant à une famille aimante homme-femme. Là encore le juge doit appliquer le droit dans le respect du réel, en évitant autant que faire se peut les postures idéologiques. Si la moins mauvaise solution pour l’enfant est qu’il vive chez une paire de même sexe, il conviendra de respecter ce fait.

De même une solution possible parmi d’autres, mais qui permettrait de recréer une vraie solidarité de personne à personne, serait de rendre la liberté d’usage de leurs biens aux citoyens. Renoncer à l’état providence en contrepartie d’une reconnaissance fiscale des solidarités concrètes. On pourrait par exemple diminuer le taux d’imposition sur l’héritage et sur le revenu avec le nombre d’années passées ensemble ou le nombre de mois consacrés à aider un partenaire. Dans le même ordre d’idée on pourrait supprimer la progressivité de l’impôt en contrepartie d’une forte valorisation sociale des dons et des actions de solidarité. Dans un autre genre on pourrait rendre la liberté des contrats immobilier afin que chacun puisse avoir le contrat qui lui convienne : à plusieurs titulaires, avec transmission automatique du bail, avec usage au partenaire survivant… Cela permettrait de régler les situations au cas par cas en sortant de cette passion française pour les cases à cocher. ‘‘Ça dépend, ça dépasse’’ ce n’est pas qu’une réplique célèbre[2], c’est trop souvent le dilemme dans lequel se trouvent pris trop de personnes ‘‘hors normes’’.


En conclusion la vraie cause des problèmes créés par la loi Taubira est donc la prétention de l'état à régenter la vie privée des personnes en déterminant qui peut être avantagé fiscalement et qui non. Il s'agit là d'un des aspects de l'idéologie moderniste qui prétend que l'humanité ne doit pas se recevoir ni se reconnaître créature et partie d'un projet global, mais s'auto-créer et définir elle-même ce qu'est le réel. Dans ce cadre la famille traditionnelle est un ennemi car elle existe "naturellement" de façon spontanée et antérieure à toute organisation publique. Elle est donc un adversaire de cette idéologie qui pour cette raison cherche à l'éliminer. Dans ce combat le problème fiscal des paires "non familiales" a été instrumentalisé dans ce sens. En choisissant de les faire rentrer de force dans un modèle qui ne leur convient pas – le mariage – les tenants de cette idéologie voulaient détruire le modèle.

La question est là, accepterons-nous d'en débattre ? Ou bien resterons-nous à la surface des choses ?




[2] Josette, dans Le père Noël est une ordure

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire